La maison, l’appartement ou son chez soi, …son cocon, son nid, son habitat, sa demeure, sa grotte, logement, logis, résidence, pénates, propriété, lieu, domicile, foyer, habitation, home, appartement, bercail, cabane, gîte, toit, …., il existe tellement de mots pour parler d’elle, et les métaphores dans lesquelles elle apparait étant tout aussi nombreuses, que nous ne pouvons ignorer l’importance qu’elle revêt dans nos vies depuis la nuit des temps.

Alors ? Qu’est ce qui fait que nous tenons tant à elle, à la bâtir, à la rénover, à la décorer, à prendre soin d’elle …ou pas, à la transmettre ? Quel est ce lien entre notre intérieur et notre intériorité qui semble si fort qu’il peut nous faire traverser des émotionsintenses lorsque nous devons acquérir ou nous séparer de notre demeure ? 

Savez-vous que le processus qui accompagne la séparation d’avec nos « chez soi » est identique à celui qui accompagne un deuil ? Qu’un déménagement est un événement si important qu’il arrive en 3ème position sur le podium des facteurs de stress, après le décès d’un proche et le licenciement ?

Construire sa maison est pour beaucoup d’entre nous le projet d’une vie. Nous la souhaitons belle, confortable, pourvoyeuse de bien-être, accueillante et personnalisée, pour s’y sentir bien, s’y ressourcer et accueillir ceux qui méritent d’entrer dans notre intimité. L’engagement financier qu’elle représente pour l’acquérir ou la louer est une charge lourde dans nos budgets. Elle est aussi le reflet, plus ou moins travesti, de ce que l’on souhaite exposer aux regards extérieurs.

Nous souhaitons que notre habitation nous réconforte, nous sécurise, nous reconstruise, tout en témoignant des souvenirs partagés en son sein, tel un album de famille. Elle est protectrice, ressourcement et nos intérieurs parle de nous, de notre identité, de notre intimité, mieux que quiconque. La maison est immobile, bien ancrée, solide, on peut compter sur elle et nous oublions peut être trop souvent à quel point c’est une chance d’avoir un toit sur sa tête. Perdre son toit ou ne pas s’y sentir à l’abri c’est perdre beaucoup de soi.

Témoin silencieux de nos joies, de nos tristesses, de nos émotions, de nos vies, la maison accueille sans jugement et elle s’imprègne des énergies des occupants pour ensuite les restituer à pas feutrés. Notre engagement émotionnel envers elle est si fort que lorsqu’elle est cambriolée on se sent violé, lorsqu’elle part en fumée on se sent détruit et lorsque nous la cédons, c’est un peu comme si nous l'abandonnions . 

Dans le psychisme humain, le Soi est le centre, le moi naturel, l’intuition, la partie divine, l’accès à l’énergie de la création.L’état dans lequel nous venons au monde et qui génère l’émotion Joie.

Cependant, pour pouvoir vivre en société nous devons intégrer la réalité du monde et s’adapter. Pour ce faire, nous nous construisons une persona, personnage social, au fur et à mesure des expériences qui jalonnent notre éducation et nous revêtons son masque, ses masques, pour nous adapter aux normes sociales et morales.

Si cette adaptation est nécessaire et heureuse, il est indispensable de revenir régulièrement à Soi, à travers la création, l’art, les activités personnelles issues de notre originalité. C’est ainsi que nous allons nourrir notre énergie vitale, carburant de notre progression et de nos évolutions. 

Mieux connaitre son Soi, implique d’aller à la rencontre de son ego, de son ombre, tout en les acceptant avec bienveillance car ces états constituent aussi notre être profond. 

Dans nos habitations nous tombons les masques, nous nous retrouvons face à Soi, figure qui parfois, devenue inconnue, oubliée, peut être déroutante si tant est qu’elle veuille bien se dévoiler. Il devient alors difficile pour certains d’entre nous, surtout dans cette époque qui marquera notre histoire, de faire face à sa Vie Intérieure (petit clin d’oeil à l’un de mes Maîtres à Penser - Christophe André !) 

Ainsi, prendre soin de son intérieur est devenu, avec le jardinage, l’échappatoire de nos espaces contractés. Mais …. Réalisez-vous votre décoration avec votre persona ou avec votre Soi ?

Vous l’aurez compris, notre « Chez Soi » est le lien entre notre intérieur et notre intériorité, celui qui nous offre la possibilité d’accéder à notre centre tout en tombant les masques pour revenir à notre essentiel. 

Bien à vous !

Lorella 

« La vie intérieure ne doit pas être pensée comme un refuge ou une forteresse, mais comme une maison accueillante et ouverte à la vie du dehors. Elle n’est pas sa propre finalité : le but de la vie intérieure n’est pas la vie intérieure, mais la réception du monde, sa compréhension, puis le retour vers la vie « extérieure ». 

Ce détour par nous-mêmes est transformateur et fécond. Il est dans un premier temps une manière de nous ajouter au réel, et, dans un second temps, une manière de mieux l’habiter ou de le transformer. Une manière non stéréotypée, car profondément nourrie de ce que nous sommes, avec notre histoire, notre sensibilité. »

Christophe André

La Vie Intérieur